Le jour où tu veux faire la révolution, tu apprends d’abord à avoir un diplôme et à te nourrir toi-même, d’accord ? | Fethi Belaid / AFP |
En Algérie et en Irak, on ne plaisante pas avec la triche au baccalauréat. Pour couper l'herbe sous le pied à tout lycéen ou lycéenne qui s'y risquerait, les gouvernements ont opté pour des solutions draconiennes.
Du 20 au 25 juin, dates de déroulé des épreuves, internet est bloqué deux heures tous les matins dans toute l'Algérie. L'accès à Facebook est complètement coupé pendant toute cette période. Des brouilleurs de téléphones, des détecteurs de métaux et des caméras de surveillance ont été installées dans les 2.000 centres d'examen du pays. En Irak, c'est déjà la troisième année que de telles mesures sont appliquées pour l'examen final des lycéens et lycéennes.
En Algérie, les sujets des examens ont fuité sur les réseaux sociaux ces deux dernières années. «On a mis en place un système pour suspendre la connection internet et bloquer les réseaux sociaux depuis [le début] pour éviter la diffusion des sujets du baccalauréat», explique la ministre de l'Éducation algérienne, Nouria Benghabrit à la radio nationale.
Une mesure controversée
L'association Access Now qui milite pour un internet ouvert et gratuit, est contre cette décision. «Il doit y avoir une meilleure solution», peut-on lire sur son site internet. «Aidez-nous à appeler les autorités en Algérie, en Irak et partout ailleurs à #KeepItOn.»
«J'ai fait un reportage sur la situation en Algérie, mais je n'ai pas pu le diffuser à temps car internet a été coupé par le gouvernement.», Wissem, journaliste algérien. | capture d'écran tweet SMEX. |
«Tout le monde va être déconnecté, des entreprises aux urgences, des hôpitaux aux agences gouvernementales, tout ça pour empêcher les étudiants de se transmettre des réponses. Et cela se passe dans un pays avec de gros problèmes de sécurité, où la communication grâce aux applications et internet peut faire la différence entre la vie et la mort», justifie l'association Access Now.
De plus en plus de coupures
En 2017, il y a eu une centaine de coupures internet mandatées par des gouvernements à travers le monde, rapporte une étude du Global Network Initiative. Son auteur, Jan Rydzak, pense que «couper la communication numérique affecte souvent de manière disproportionnée les groupes les plus marginalisés et vulnérables, paralyse l'économie et créer des cascades de chaos avec des conséquences qu'on ne peut pas comprendre totalement».
Pour lui, d'autres solutions pourraient être mises en place, à l'instar de ce qui est fait en Tunisie, où internet est bloqué uniquement dans le périmètre des centres d'examen. Jan Rydzak interprète la multiplication des coupures internet comme un mauvais présage en terme de contrôle de l'information.
Les coupures internet dans le monde mise en contexte | capture d'écran Access Now. |
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